Survol des Highlands

Prenez une Harley-Davidson® Street Glide® Special 2017. Plongez-la au coeur de paysages écossais…
Le showroom Harley-Davidson à Édimbourg offre un spectacle impressionnant. Le vaste espace d’exposition réunit de nombreuses motos H-D®, incluant d’énormes créations CVO™ et des photographies inédites du Chapter H.O.G.® de Dunedin.
Mais je ne suis pas venu passer des heures à feuilleter le catalogue de mes rêves. Je suis venu prendre la Harley-Davidson® Street Glide® Special 2017 que j’avais réservée pour emprunter environ 800 km des plus belles routes écossaises en seulement deux jours.
Ce monstre de 1745 cc et 376 kg de pure muscle américain est le choix idéal pour une telle aventure, avec un espace généreux dans les sacoches, un puissant système audio de 50 watts qui contribue à la fois à une ambiance sonore de haute qualité et un système de navigation par satellite pour arriver à bon port.
Mais l’usage de ce dernier ne sera que limité, notre objectif étant le voyage plutôt que la destination.
À la recherche de solitude
Un mois plus tôt l’idée de ce voyage ressemblait plus à un caprice qu’à autre chose. Il faisait suite à un regard dédaigneux sur une immense pile de lettres restées non ouvertes, une boîte de réception presque saturée et un agenda bourré à craquer. Tout cela pouvait attendre.
Tout le monde sait que l’Écosse a certaines des plus belles routes d’Europe. Cependant, l’Atlantic 500 qui longe le nord-ouest du pays tend à recevoir les plus nombreuses éloges.
Mais au lieu de cela, un désir d’évasion totale a provoqué un lancer d’épingles virtuelles autour d’Édimbourg, d’Aviemore, d’Inverness, d’Elgin, de Fraserburgh, d’Aberdeen et de Perth. Un survol d’images satellite, quelques instants passés à contempler des vues du Parc national de Cairngorms, ont scellé l’inévitabilité de ce voyage.
La formule magique avait été prononcée : un homme, une machine et un ruban de goudron à l’infini seraient le parfait antidote contre les migraines liées au stress.
De la grande ville a la immense paysage
Sortir d’Édimbourg n’est pas si facile. La Street Glide fait sentir son poids au nouveau-venu, surtout lorsque les sacoches sont remplies pour le voyage. Naviguer à travers les intersections, les feux, les rues à sens unique pour atteindre l’autoroute A1 nécessite du temps et de la patience, et c’est tout moi !
Heureusement, je ne suis pas loin du Forth Road Bridge, et je pourrai bientôt oublier le stress du trafic urbain. Mon itinéraire vaguement défini me rapproche du Parc national de Cairngorms, riche en panoramas épiques et en promesses de routes ouvertes. Une fois sorti de l’autoroute M90, j’enfile l’A90, une route nationale qui longe ce parc, et donne une imitation très personnalisée du midwest américain, avec ses routes bordées d’arbres, ses vues époustouflantes sur les lochs et les lacs.
Mais la Street Glide, si amoureuse de la route, n’invite pas à flâner. Elle fonce directement sur Braemar, où l’A93 traverse Crathie et le magnifique Cock Bridge, avant de s’accrocher le long du Ben Macdui, pour lancer son pilote de l’autre côté du Cairngorms.
Le voyage n’a commencé que depuis quelques heures et le paysage m’a déjà fait bondir d’admiration en plusieurs occasions.
Des routes lisses comme la soie serpentent au pied des montagnes, les plus hautes étant encore couronnées de neige. Les arbres arborent un feuillage nettement beige qui font un contraste saisissant avec le ciel d’un superbe bleu iridium.
L’énorme moteur pousse avec une superbe onctuosité, l’air frais remonte agréablement le long de la mentonnière du casque, et la route se découpe sous mes yeux, exigeant une certaine concentration. Tant de sensations simultanées peuvent distraire...
Les heures passent et la route continue de révéler ses belles surprises. La tension que le pilotage d’une telle machine exerce dans ces conditions s’est dissipée. Les courbes s’enchaînent de manière presque hypnotique. La moto s’incline avec grâce, s’inscrivant avec précision dans chaque courbe pour en sortir avec ou sans utiliser les massifs freins Brembo.
Je ne sors de cette valse lente qu’au début d’une longue ligne droite et je réalise que je n’ai pas vu un seul véhicule en 30 km.
En quête de littoral
Une ongue journée en selle doit naturellement se conclure par une bonne nuit de sommeil. Les roues font craquer le gravier devant le Loch Ness Country House Hotel, situé à proximité d’Inverness, juste au moment où le soleil disparaît derrière ce bel édifice de style georgien. Le sommeil vient facilement après un, deux (ou était-ce trois ?) verre(s) de Glen Ord single malt. Le jour suivant, une solide dose d’air marin sera nécessaire pour éclaircir un esprit un peu brumeux. Après un petit-déjeuner écossais complet, la Street Glide Special prend la direction de l’A96 et la promesse d’une cure naturelle contre la gueule de bois. Les paysages du jour sont totalement différents des montagnes traversées la veille. Les routes sont plus étroites et ondulent doucement entre des forêts sablonneuses. Il faut rester concentré pour ne pas se laisser surprendre par les virages, alors que des trous dans la végétation laissent apercevoir la Mer du Nord si sauvage.
La Street Glide ronronne dans Lossiemouth alors que deux chasseurs décollent de la base RAF locale. Les sonorités du bicylindre en V de 107 pouces cubes sont facilement dominées par ces incroyables machines qui s’élancent dans le ciel.
Le souffle guttural du bicylindre en V Harley a quelque chose d’étrangement hypnotique qui s’accorde parfaitement au caractère de ce voyage. Il efface efficacement les kilomètres. Les villages passent et ne se ressemblent pas. Mais les routes mènent presque toujours sur la côte, ce qui n’est pas pour me déplaire. Presque seul sur la route, l’air marin me donne d’excellentes sensations une fois la visière levée.
Un deuxième chez soi
Les lochs, les lacs, les forêts et les sommets défilent, formant une longue et superbe séquence paysagère apparemment coincée en mode relecture dans cette région du monde.
L’Harley-Davidson gronde imperturbablement sous la férule invariable du régulateur de vitesse. Le nouveau réglage de la suspension 2017 gomme avec efficacité la majorité des imperfections du revêtement routier. La selle surbaissée plus que confortable épouse à merveille votre morphologie et le pare-brise réduit parfaitement la pression et les remous du vent.
C’est ici que l’Écosse fait sa meilleure imitation du Wisconsin, et la Glide se sent comme chez elle. Les routes magnifiques et les paysages époustouflants défilent avec la plus grande aisance. Les longs marchepieds et le guidon reculé créent une position idéale pour profiter de toutes ces beautés. Le couple disponible encourage une certaine paresse au niveau du sélecteur de vitesse. Je me contente d’incliner la grosse machine dans chaque tournant et j’en sors en ouvrant gentiment les gaz. C’est comme une inspiration qui tire sans effort cette brute roulante hors de la courbe.
Mais il faut aussi revenir à la réalité. Le trafic augmente rapidement aux approches de Perth, Dunfermline et finalement Édimbourg, où je m’accorderai un peu de repos avant de prendre l’avion du retour aux States.
Dans cette quête de solitude, la Street Glide a presque toujours réussi à trouver une portion de route ou de paysage remarquablement peu fréquenté. Et lorsque je traversais une étendue libre et dégagée scindée d’un ruban ondulant, la promesse de solitude a toujours été tenue.
Rien ne vide la tête comme un voyage en Harley-Davidson, et peu d’endroits sur Terre peuvent rivaliser avec les beautés naturelles des Highlands écossaises. Comme un contrecoup à toute bonne aventure, les images récentes de mon séjour en Écosse défilent et redéfilent dans mon esprit, alors que d’une secousse l’avion atterrit et me rappelle à la réalité.
Les lettres, les e-mails et l’agenda sont encore là. Ils peuvent attendre. J’ai un autre voyage à programmer.
Texte : Leon Poultney
Photos : Lewis Harrison-Pinder