La Reine du cuir

Travaillant dans le cuir, et passionnée de H-D®, Randi Obenauer utilise son talent pour personnaliser des selles de moto.

Le ranch de Randi Obenauer à Powell River, en Colombie Britannique, semble sortir tout droit d’un film. Les murs de sa maison et de son atelier où elle travaille le cuir sont couverts d’œuvres d'art célébrant la moto et le cuir. Le feu brûle toujours dans l’atelier de Randi, qui renferme des piles de selles, de panneaux de selle, de sacs en cuir, et du cuir en tout genre et de toutes les couleurs que vous pouvez imaginer. 

Randi avait l’habitude de garer chaque jour sa moto devant le bâtiment de mon ami. Je commençais juste à faire de la moto, et je l’observais aller et venir pendant des mois avant de m’approcher enfin d’elle. Ce qui m’attirait, c’était sa dent en or, sa longue chevelure de sirène qui flottait derrière elle quand elle roulait, et son rire contagieux et unique en son genre. 

Une véritable amitié est née, et quand j’ai acheté ma première moto, Randi m'a proposé de réparer la selle abîmée par le soleil. Elle m’a fait une selle qui vaut plus que la moto en elle-même. Depuis, Randi conçoit la selle de chacune de mes motos, et les concevra jusqu’à ce que je sois à court d’argent ou de motos. 

J’ai acheté un chopper Sportster® Harley® de 1997 l’été dernier, avec une superbe selle en cuir King-Queen. Alors que je me rendais au ranch de Randi pour écrire cet article, elle s’est écriée « Hey ! C'est moi qui ai fait cette selle ! » Il s’est avéré que pour elle c’est l’une des meilleures selles King-Queen qu’elle ait jamais conçues. « Je suis vraiment ravie qu’elle partage des milliers de kilomètres et de grandes aventures avec toi », m’a-t-elle confié. 

Depuis combien de temps fabriquez-vous des selles de moto ? 
Cela fait 14 ans que je travaille le cuir. J’ai réalisé trois selles Honda en 2005, puis 50 dosserets pilote sissy bar Harley pour un magasin de la région. J’ai réellement commencé à me tourner vers les selles de moto en 2010 en créant ma propre marque Aro Custom Upholstery. 

Comment avez-vous appris votre métier ? 
J’ai été l’une des dernières diplômées du programme du Kwantlen College en habillage et garniture industrielle du secteur automobile. J’étais même l’une des quatre femmes présentes cette année-là (un vrai record). J’étais un peu intimidée au départ, et j’ai dû affronter le sexisme dans le milieu scolaire puis lors de mes premières années sur le marché du travail. Mais c’est aussi ce qui m’a poussé à m'affirmer et à prendre confiance en mes compétences si durement acquises. Plus d’un employeur m'a déclaré avoir été surpris de voir ce que j’étais capable de faire. 

Parlez-nous de vos selles Harley-Davidson® préférées.
Les frères Williamson m’ont amenée sur le devant de la scène du chopper à Vancouver, en me recommandant à des amis, la plupart des choppers Harley, possédant des modèles Ironhead, Shovelhead, Sportster® de Harley-Davidson. La selle d’Owen créée pour son Ironhead, surnommée The Ghetto Sled, a toujours été l’une de mes préférées. Il a choisi pour elle un cuir brun, avec surpiqûre en diamant, et il continue de la choyer en appliquant de l’huile usée du moteur sur le cuir lorsqu’il fait ses vidanges. Cela a un effet vraiment superbe, et rend honneur au potentiel du cuir comme matériau naturel. 

Certaines de mes selles préférées sont des créations sur des selles Sportster pour des pilotes femme géniales. La selle en cuir noir avec des motifs géométriques piqués en plusieurs couleurs que j’ai créée pour Diana de Kelowna, C.B., est l’une d’elles. J’ai aussi fait une selle Harley en cuir noir pour le tatoueur Alex Snelgrove, avec une surpiqûre en diamant vert et un symbole du yin et du yang. Et la petite selle Queen de Tori Drew qui ne cesse d’évoluer avec ses petites règles de chopper. Je viens de finir une selle Sportster pour une fille du New Hampshire qui voulait un cœur cousu sur le panneau arrière pour que sa maman soit toujours avec elle sur la route. 

Andrew McKay possède ma selle bagger préférée en cuir. Il m’a acheté du cuir vielli de couleur moutarde, la quantité suffisante pour couvrir sa selle géante sans pratiquement aucune chute. Elle est maintenant devenue couleur or délavé, ce qui se combine d’une manière fantastique avec sa Road Glide® noire.

Quelle est l’histoire qui se cache derrière votre incroyable atelier ? 
La première fois que je suis allée à Powell River, j’ai su que je devais y vivre. Il y a trois ans, mon conjoint, Sean et moi y avons acheté la maison de nos rêves, sur un terrain longé par une rivière coulant à côté de la maison. La structure d’origine date de plus d’un siècle. 

Mon fils, Hawk est né dans cette maison il y a deux ans. Je suis super contente qu’il grandisse dans ce paradis de la nature, avec l’aventure à portée de main. 

Depuis combien de temps faites-vous de la moto ? 
J’ai eu l’oncle le plus branché qu’on puisse avoir : c'est lui qui a eu la plus grande influence en termes de moto dans ma vie. Pendant toute mon enfance, il nous emmenait mes frères et moi sur sa moto à chaque fois qu’il venait nous rendre visite. Je sais que ma mère a fait un peu de moto quand elle était jeune mais elle est très discrète sur la partie rebelle de sa jeunesse. Tout ce que j’en sais provient des truculentes histoires de mon oncle. 

J’ai grandi avec une forte passion pour l’équitation, « les motos tout-terrain d’origine » selon mon oncle Sean. Je suis partie faire mes études dans une grande ville, et après avoir commencé à étudier le travail du cuir, je suis tombée amoureuse des selles de moto. J’ai passé quelques années à créer des selles pour tout le monde, et j'ai finalement obtenu mon permis grâce aux sages conseils de mon compagnon, Jangus. 

La semaine suivante, j'achetais ma première moto et parcourais quelque 3 000 kilomètres le premier été. Six ans plus tard, je roule moins car ma vie de maman et tous mes clients prennent beaucoup de mon temps, mais je continue de sortir à chaque fois que je le peux. 

Que faites-vous à part des selles ? 
Je couds depuis que j’ai environ dix ans. En plus de l’école d'art et du travail du cuir dans le secteur automobile, j’ai aussi étudié le stylisme de mode et les arts textiles. Tout est lié. Tout se rapporte à ce qui me plaît le plus : la confection de motifs, la couture, la sculpture et le travail du cuir. 

Après mon enseignement professionnel, j’ai tiré profit de mes compétences dans le travail du cuir et de quelques chutes de cuir pour créer deux sacs : un pour ma sœur et un autre pour moi-même alors que je poursuivais des études de mode. Cela faisait boule de neige, et je recevais de plus en plus de demandes pour faire des sacs. Je pense que ce qui a distingué mes sacs des autres marques, c’est que j’utilisais des cuirs épais, avec des techniques et du matériel de garniture. 

J’ai fondé ma marque Ora Leather Goods en 2006, et plus tard, j'ai inversé le nom quand j’ai commencé à me tourner vers les selles de moto et qu’Aro a elle aussi décollé ! J’adore également tourner des films et partir en randonnée avec mon équipe, le Goth Moms Nature Bathing Club. Je suis également doula, passionnée de fermentation et boulangère. Je ne sais simplement pas comment m’arrêter et ne rien faire. 

En savoir plus sur aro-upholstery.com ou suivez Randi sur Instagram : @aro-upholstery.