Une expérience unique
Bizzie Frost a assisté au deuxième rallye national du H.O.G. en Arabie Saoudite. Il nous fait un reportage détaillé de cette expérience unique
Suite au succès du premier rallye national du Harley Owners Group (H.O.G.) en Arabie Saoudite, M. Ahmed Halawani s’est vu confier la mission d’organiser le second. Déjà un biker expérimenté, il a acheté sa première moto Harley-Davidson en 2005 et en 2007 il a été élu directeur du Chapter de Jeddah. Même s’il n’a jamais assisté à un autre rallye H.O.G. en dehors du Royaume, il a suivi un stage de formation prévu pour les coordinateurs de rallyes Harley-Davidson sur la façon de les organiser et de les diriger. « Ce programme de formation a été excellent et j’ai utilisé toutes les compétences que j’y ai acquises » a-t-il expliqué. En collaboration avec M. Monther Al Mutlaq (co-propriétaire de Harley-Davidson Arabie Saoudite) et Mme Lisa Schlensker (directrice du H.O.G. pour le Moyen-Orient et l’Afrique), il a choisi la ville d’At Taif et la province d’Al Baha. Halawani s’est inspiré des voyages qu’il avait déjà effectués à ces destinations avant de prendre sa décision. En raison des nombreuses routes de montagne, il a persuadé les autres d’opter pour un « rallye de conduite » plutôt qu’un rallye plus social avec des jeux et des activités.

Comme Al Baha se trouve à environ 550 km de Jeddah et à 1 100km de Riyadh, Halawani a expliqué une partie de la logistique employée pour organiser la manifestation : « Nous avons dû nous rendre à Al Baha à plusieurs reprises pour veiller à ce que les routes soient assez bonnes, à ce qu’il y ait suffisamment de pauses carburant et aussi pour prendre note des arrêts d’urgence. Nous avons également dû obtenir la permission du gouverneur de la province de Makkah, le Prince Khalid al Faisal, et du Prince Dr. Faisal bin Mohammed bin Saud bin Abdul Aziz, fils du gouverneur de la province d’Al Baha. Ceci a nécessité de nombreuses réunions privées. Nous leur sommes très reconnaissants de nous avoir autorisés à organiser ce rallye. »
Cent trente bikers étaient inscrits et devaient arriver à Taif le 22 octobre, alors Halawani a dû veiller à ce que les procédures de sécurité routière soient respectées pendant le rallye. Dix « Road Captains » ont été choisis pour mener des groupes d’environ 13 motos chacun entre At Taif et Al Baha, le long d’un itinéraire touristique. Ils ont suivi les méandres de la route, en haut de la chaîne montagneuse d’Al-Sarawat, dans un paysage rude où l’on peut encore apercevoir les vestiges de vieux villages de pierre et de tours de guet. Nombre de ces ruines ont été intégrées à de nouvelles constructions, au fur et à mesure de l’expansion des villages.

Les panneaux indicateurs qui avertissent les conducteurs des virages dangereux ont été traduits avec beaucoup de charme d’Arabe en Anglais : « Dangerous curves » (Formes dangereuses). Ils parsemaient la route à intervalles réguliers. Même si les stations service et les petits magasins sont fréquents le long des routes, les W-C d’Arabie Saoudite sont réputés pour être repoussants, tout particulièrement pour les dames. Mais ça fait partie de l’aventure !
La participation de la famille constitue une partie importante de toute manifestation du H.O.G. Comme les femmes ne peuvent pas conduire en Arabie Saoudite, plusieurs cars ont été organisés pour transporter les femmes et les enfants. Mme Schlensker souhaite tout particulièrement promouvoir cet aspect de la conduite en Harley. « Pour moi, le point fort du rallye est la participation de tous les membres de la famille. Nous savons tous que les femmes ne peuvent pas faire de moto ici, mais ce n’est pas ça qui importe, ce sont les activités que nous organisons pour réunir les familles. » Même si elles ne conduisaient pas leur propre moto, il y avait pas mal de Ladies of Harley déterminées qui étaient passagères.
Alors que tous les Hogs se rassemblaient à At Taif et Al Baha, il était également intéressant de noter la grande diversité d’âge des bikers. Après quelques enquêtes, nous avons appris que M. David Joury, âgé de 60 ans, était le plus âgé. Il fait de la moto ici et là depuis de nombreuses années et il a récemment acheté une Heritage Classic. Il a expliqué sa passion pour les Harley : « J’ai grandi au Liban et à mon époque la police avait des Harley fantastiques, alors c’est un véritable « must » qui remonte à mon enfance, et qui me rajeunit ! »

En seconde place, Torbjorn Nilo, un homme d’affaires suédois de 59 ans, qui était en visite à Riyadh. Il fait de la moto avec les Hogs de Riyadh et de Jeddah depuis 2005 et il a été très impressionné par les routes. « J’ai participé à différents rallyes en Europe et en Suède mais la route de Taif à Al Baha est la meilleure qui soit. 240 km de virages non-stop et de collines. Fantastique ! »

La soeur de Nilo, Mme Anneli Dearing, est une infirmière qui habite à Jeddah. C’est également une Lady of Harley. Elle rêve d’être une très jeune grand-mère et elle est passionnée de Harley depuis qu’elle a 12 ans. « Mon frère et ses amis avaient des motos et je n’oublierai jamais la première fois que j’ai entendu leur Harley remonter la colline jusque chez nous. Mais je n’ai jamais eu de Harley avant de m’installer ici. Mon frère est venu me rendre visite en juin 2005, nous sommes allés à la concession et avons pris la décision d’en acheter une sur-le-champ. »
La plupart des propriétaires de Harley aimeraient beaucoup en avoir plus d’une. Amr Amawi a la chance de faire partie de ceux qui ont cette chance. Il fait de la moto depuis près de 20 ans et il a acheté une Harley « pour la camaraderie et pour ce que représente la marque Harley, la passion de la nature et des virées, le fait de partager sa passion avec d’autres bikers. » Il ne voulait toutefois pas me dire exactement combien de Harley il a : « J’en ai quelques-unes mais je préfère ne pas dire combien. Je les aime beaucoup et j’adore les personnaliser et les exposer. » Il a emmené trois motos au rallye et toutes trois ont remporté un prix au salon.

Comme tous les Hogs le savent, l’apparence compte pour beaucoup, que ce soit sur la route ou autour d’une table, après une virée (on voit généralement une myriade de blousons et de gilets de cuir noir recouverts de pins souvenirs scintillants, des jeans noirs et des T-shirts aux motifs élaborés de Harley-Davidson. Pendant le premier repas à l’hôtel Intercontinental, certains d’entre nous nous sommes amusés lors du concours de déguisement. Nous avons décidé qu’un de nos camarades de route devait absolument recevoir le trophée du « Biker Harley à l’allure la plus authentique » (ce trophée n’existait pas à ce rallye !). Il était grand, brun et beau, avec de très longs cheveux “poivre et sel” en queue de cheval, une barbe, le gilet de cuir obligatoire et des jeans noirs, plus un impressionnant Stetson noir.
M. Ghassan Hourani a une entreprise à Riyadh et notre récapitulatif l’a beaucoup fait sourire. « Je fais de la Harley uniquement depuis 18 mois et j’ai une Road Classic King. Faire de la Harley, c’est une aventure fantastique. J’ai d’autres amis qui ont acheté une Harley en même temps que moi et nous faisons la route ensemble. Jusqu’à présent nous sommes allés à Sharm El Sheikh en Egypte, Muscat en Oman, au Liban, et à Fujeirah dans les Etats arabes unis. »

Les Harley attirent aussi les plus jeunes en Arabie Saoudite. Mohammed Al Mutlaq et Mishal Al Mutlaq, deux cousins âgés respectivement de 24 et 25 ans, étaient les plus jeunes du rallye. Mohammed étudie les finances à l’université et il a acheté une Dyna Fat Boy au début de l’année. « Je préfère les Harley aux motos de vitesse. Nous n’avons pas beaucoup de choses à faire ici en Arabie Saoudite mais le H.O.G. organise des activités. J’aime les virées, les rassemblements et les rallyes ». Mishal a une Softail Custom 2006 et il aime tout particulièrement pouvoir personnaliser sa moto et la présenter à des salons (il a remporté deux catégories du rallye, dont « People’s Favourite »). « J’aime travailler sur ma moto. Certains préfèrent les motos de course, mais moi j’aime les stages de sécurité proposés par le H.O.G. »
Mohammed Kalantan est un autre membre du H.O.G. d’Arabie Saoudite. Il est jeune et très enthousiaste et il utilise sa Harley comme principal mode de transport. Mohammed est un électricien de 31 ans et il vient de Yanbu. Sa femme et leurs deux jeunes enfants habitent à Makkah, alors quasiment chaque semaine il fait l’aller-retour sur sa Ultra Classic Electra Glide de 2001 « sans extra ». « Avant, j’aimais les motos de vitesse. J’ai acheté une Harley parce que j’aime voyager et j’aime l’aventure. Ma femme monte aussi à moto. Même quand elle était enceinte, j’avais un enregistrement du bruit de la moto et je le jouais à notre fils avant sa naissance. J’espère qu’il finira par mieux rouler que moi. »
Parmi tous les différents casques, un se distinguait vraiment des autres. Il appartient au Colonel Haitham Attar qui s’en servait quand il pilotait des avions de chasse de la Saudi Royal Air Force. Il nous a raconté un peu l’histoire de ce casque plutôt original : « C’était mon casque de vol et je l’ai depuis 20 ans, alors j’y suis très attaché. Il est fait en Kevlar léger et il est à l’épreuve des balles. Il réduit aussi les niveaux sonores, ce qui est bien utile quand on traverse un tunnel à moto ! J’aime l’esprit d’équipe du H.O.G. – les gens sont vraiment gentils et on rencontre toutes sortes de cultures ici. »

Une fois à Al Baha, les motos ont suivi un itinéraire difficile et ont descendu l’escarpement d’Al Baha. Cette route fait des virages en épingle sur les 2000 mètres du flanc de montagne accidenté d’Asir, et elle traverse de nombreux tunnels. Elle a même surpris certains des bikers les plus expérimentés. A plusieurs reprises, alors que les Harley rugissantes étaient réunies dans l’espace clos d’un tunnel, un ou deux bikers n’ont pas pu s’empêcher de faire encore plus de bruit en faisant vrombir leur moteur.
Les ruines de Thee Ain, le village de marbre, se trouvent en bas de l’escarpement. Il était bizarre de voir toutes ces Harley dans un tel paysage. Alors que le soleil descendait derrière les montagnes, nous nous sommes assis en tailleur sur des tapis pour déguster un repas local, avant de regarder une danse du sabre. Tout avait été organisé par le Prince Dr. Faisal bin Mohammed. Nous avons tous apprécié le plein air et l’ambiance typiquement saoudienne de cette manifestation. Les danseurs de sabre ont encouragé les bikers à se joindre à eux. Ensuite, il a fallu relever un autre défi : remonter l’escarpement en sens inverse, et qui plus est, de nuit.

Comparés aux rallyes internationaux, les rallyes saoudiens sont de petite envergure, comme me l’a expliqué M. Jamil Ayas, directeur général de la concession de Jeddah. Il travaille pour la société depuis 16 ans, dans différents pays dont l’Ecosse. « Quand j’ai fait le rallye d’Aviemore, il y avait 10 000 bikers ! »
Amr Al Khaldi est un visage bien connu et toujours souriant sur la scène H.O.G. locale. Cet homme d’affaire est un membre actif du H.O.G. et depuis six ans un officier du chapter de Riyadh. Il a une Street Glide 2007. En plus de beaucoup conduire au Moyen-Orient, il connaît aussi bien l’Europe. « Il y a deux ans nous avons fait un voyage en Irlande et nous avons beaucoup aimé les routes d’Europe. Comme on dit, ce n’est pas ce avec quoi vous roulez mais ceux avec qui vous roulez qui compte. C’est l’un des gros avantages du groupe H.O.G. ; qui que vous soyez, quelle que soit votre religion ou votre couleur, nous sommes tous des frères et soeurs. Cette virée a été excellente ; j’aime les virages dans les virées de montagne. C’est un challenge intéressant. »

Marwan Al Mutlaq, co-propriétaire et directeur général de Harley-Davidson Riyadh, a été ravi de la façon dont s’est déroulé le rallye. « Je pense que ce rallye explore l’Arabie Saoudite d’une manière originale, et qu’il montre les possibilités de conduite ici. Je suis très content qu’en démarrant Harley-Davidson ici, nous ayons donné aux gens la chance d’apprécier des activités qu’ils ne connaissaient pas. Quand je les vois sourire et s’éclater, je sais que c’est grâce à Harley ». Le rallye a également fait sourire les spectateurs, le long de la route, jeunes et moins jeunes. Ils ont fait signe avec enthousiasme aux bikers et nombre d’entre eux ont utilisé leur téléphone portable pour photographier ce spectacle inhabituel et pour être photographié avec les motos.

A la fin du rallye, le conseiller et coordinateur touristique de la région d’Al Baha, Gharmullah Al Ghamdi, a affirmé : « Le Prince Mohammed bin Saud bin Abdul Aziz était ravi quand on lui a demandé si les Harley pouvaient venir ici et il a donné des instructions pour veiller à ce que l’on s’occupe bien de vous et à ce qu’on vous réserve un accueil chaleureux. Nous espérons que vous vous êtes tous bien amusés et nous serions ravis de vous accueillir à nouveau chez nous. »
